45

 

Ils attendirent Eugene Lam dans la ruelle derrière le magasin Fortune Fine Foods & Liquor. Il y avait un petit parking réservé aux employés coincé entre une rangée de bennes à ordures et des tas de cartons aplatis. Deux jours s'étaient écoulés depuis qu'ils avaient rendu visite à Henry et que l'affaire s'était éclaircie. Ils les avaient mis à profit pour procéder à des tests, réunir des preuves et préparer une stratégie. Bosch avait aussi pris le temps d'inscrire sa fille à l'école du bas de la côte. Et ce jeudi matin-là, Madeline avait commencé ses cours.

Si pour eux Eugene Lam était l'assassin, c'était aussi le suspect le moins plausible des deux. Ils avaient donc décidé de l'amener au commissariat en premier, puis de passer à Robert Li. Ils étaient on ne peut plus prêts, et là, alors qu'il surveillait le parking, Bosch ne doutait pas un seul instant qu'on allait enfin comprendre le meurtre de John Li et résoudre l'affaire avant la fin de la journée.

- Ça y est, dit Chu en lui montrant l'entrée de la ruelle. La voiture de Lam venait de s'y engager.

Ils collèrent Lam dans la première salle d'interrogatoire et l'y laissèrent mijoter un moment. Le temps est toujours du côté de celui qui pose les questions, jamais du suspect. A la brigade des Vols et Homicides, on appelait ça « assaisonner le rôti ». On le laissait mariner dans son jus et ça ne manquait jamais de le rendre plus tendre. Bo-jing Chang avait été l'exception à la règle. Il n'avait pas dit un mot ni varié d'un pouce. Être innocent le permettait et c'était une qualité que Lam n'avait pas.

Une heure plus tard, après avoir discuté avec un procureur du bureau du district attorney, Bosch entra dans la salle avec un carton rempli d'éléments de preuve et s'assit en face de Lam. Qui le regarda, l'air effrayé. Les suspects ne faisaient jamais autre chose après quelques heures d'isolement. Ce qui dehors n'était qu'une heure devenait une éternité à l'intérieur. Bosch posa le carton par terre et croisa les bras sur la table.

- Eugene, lança-t-il, je vais vous expliquer quelques petites choses. Écoutez bien ce que je vais vous dire parce que le choix que vous devrez faire est capital. La réalité est, bien sûr, que vous allez finir en taule. Ça ne fait aucun doute. Cela dit, la durée du séjour que vous y effectuerez dépendra de ce que vous allez me dire dans quelques minutes. Un, vous pourriez y rester jusqu'à un âge très avancé, ou deux, jusqu'à ce qu'on vous colle une aiguille dans le bras et vous pique comme un chien... Mais vous avez aussi la possibilité de retrouver la liberté un jour. Vous êtes très jeune, Eugene. J'espère pour vous que vous ferez le bon choix.

Il marqua une pause et attendit sa réaction. Mais rien ne vint.

- C'est assez marrant, reprit-il. Il y a longtemps que j'exerce ce métier et ce n'est pas la première fois que je m'assieds comme ça en face d'un type qui a tué. Je ne peux pas dire que tous ces assassins étaient mauvais ou avaient le mal en eux. Certains avaient leurs raisons ou étaient manipulés. On les avait obligés à prendre ce chemin.

Bravache, Lam hocha la tête.

- Je vous l'ai déjà dit à tous : je veux un a-vo-cat. Je connais mes droits. Vous n'avez plus celui de me poser des questions dès que je demande un avocat.

Bosch acquiesça d'un signe.

- C'est vrai, dit-il, vous avez raison, Eugene. Absolument raison. Dès que vous invoquez vos droits, nous ne pouvons plus vous interroger. C'est terminé. Mais, voyez-vous, c'est justement pour ça que je ne vous demande rien. Je vous dis simplement ce qui va se passer. Et vous dis aussi et répète que vous avez un choix à faire. Vous taire serait effectivement un choix. Mais faites-le et vous ne reverrez plus jamais le monde extérieur. Lam hocha de nouveau la tête et regarda la table.

- Je vous en prie, laissez-moi tranquille, dit-il.

- Peut-être cela vous aiderait-il que je vous résume la situation et vous indique clairement où vous en êtes. Je suis tout à fait prêt à partager ça avec vous, mec. C'est toutes les cartes que j'ai en main que je suis prêt à vous montrer. Parce que vous savez quoi ? C'est un flush royal. Vous jouez bien au poker, non ? Vous savez donc qu'il n'y a rien de plus haut. Eh oui, c'est bien ce que j'ai en main. Un putain de flush royal.

Il marqua une autre pause. Et vit la curiosité s'allumer dans les yeux de Lam. Il ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce que les flics avaient contre lui.

- Nous savons donc que dans cette histoire c'est vous qui avez fait le sale boulot, enchaîna Bosch. Vous êtes entré dans cette boutique et vous avez liquidé M. Li de sang-froid. Mais nous sommes à peu près certains que l'idée ne venait pas de vous. Non, c'est Robert qui vous a envoyé tuer son père. Et nous, c'est lui qu'on veut. J'ai en ce moment même un adjoint du district attorney qui est prêt à vous proposer un marché... de quinze ans à perpète si vous nous donnez Robert. Les quinze ans, c'est sûr que vous les ferez, mais après vous avez une chance de retrouver la liberté. Arrivez à convaincre un jury d'application des peines qu'au fond vous n'étiez qu'une victime dans cette affaire et que vous avez été manipulé par un maître en la matière et vous pourrez sortir... Oui, tout cela est possible. Mais si jamais vous décidez de prendre l'autre chemin, c'est le coup de dés. Et si vous perdez, c'est cuit. Ce qui se profile, c'est cinquante ans de taule... à moins que les jurés se mettent en tête de vous coller l'aiguille dans le bras.

- Je veux un avocat, dit posément Lam.

- D'accord, mec, dit Bosch d'un ton résigné, c'est vous qui choisissez. On va vous en trouver un.

Il leva la tête vers l'endroit du plafond où se trouvait la caméra et se mit un portable imaginaire à l'oreille.

Puis il regarda Lam et comprit qu'il n'arriverait pas à le convaincre avec des mots. L'heure était venue de passer à la leçon de choses.

- Bien, dit-il. Ils vont l'appeler. En attendant, et si ça ne vous gêne pas, je vais vous dire deux ou trois trucs que vous pourrez rapporter à votre avocat dès qu'il arrivera.

- Comme vous voulez, lui renvoya Lam. Je me fous totalement de ce que vous allez me dire du moment que je finis par avoir mon avocat.

- D'accord. Nous commencerons donc par la scène de crime. C'est dès le début que certains trucs m'ont fait tiquer. Le premier, c'est que M. Li avait le flingue juste sous son comptoir et qu'il n'a même pas eu le temps de l'en sortir. Le deuxième, c'est qu'on ne lui a pas trouvé de blessures à la tête. C'est dans la poitrine que M. Li a reçu les trois balles qui l'ont tué. Pas une seule dans la figure.

- Drôlement intéressant, tout ça, lui renvoya Lam d'un ton sarcastique.

Bosch l'ignora.

- Et vous savez ce que tout ça me disait ? Ça me disait que M. Li connaissait très probablement son assassin et qu'il ne se sentait pas menacé. Ça restait dans le domaine du travail. Il n'y avait pas de vengeance là-dedans, et cela n'avait rien de personnel. C'était les affaires et rien d'autre.

Bosch prit le carton et en ôta le couvercle. Il en sortit le sachet d'éléments de preuve contenant la douille extraite de la gorge de la victime et la jeta devant Lam.

- Tenez, Eugene, reprit-il. Vous vous rappelez l'avoir cherchée ? Vous vous rappelez avoir fait le tour du comptoir et avoir poussé le corps de côté en vous demandant où était passée cette putain de

douille ? Eh bien, la voici. Et c'est cette erreur-là qui vous fait tomber toute la baraque sur la tête.

Il cessa de parler tandis que Lam regardait fixement la douille et que la peur s'installait à demeure dans ses yeux.

- Sachez donc qu'on ne laisse jamais une douille derrière soi. C'est pas ça, la règle de l'assassin ? Sauf que vous, c'est ce que vous avez fait. Vous avez laissé cette douille derrière vous et c'est elle qui nous a conduits à votre porte.

Il prit le sachet entre deux doigts et le lui montra.

- Il y avait une empreinte sur cette douille, Eugene. Nous l'avons découverte grâce à ce qu'on appelle l'amplification électrostatique, « AE » en abrégé. Tout nouveau pour nous, ce procédé scientifique, vous savez ? Et l'empreinte que nous y avons relevée appartenait à votre ancien colocataire, Henry Lau. Oui, c'est à Henry que ça nous a conduits et Henry s'est montré très coopératif. Il nous a dit avoir tiré et rechargé son flingue à un stand de tir il y a environ huit mois de ça. Et c'est son empreinte qui était restée sur cette douille ! Oui, pendant tout ce temps !

Il se baissa vers le carton et y prit l'arme de Henry Lau toujours enfermée dans son sac en feutre. Il l'en sortit et la posa sur la table.

- Nous sommes donc allés chez Henry et il nous a donné son arme. Hier, nous l'avons fait analyser par nos services de balistique, et oui, c'est bel et bien l'arme du crime. C'est bien l'arme qui a tué John Li à son magasin le 8 septembre. Le problème là-dedans, c'est que Henry Lau a un alibi en béton pour l'heure à laquelle ça s'est produit. A ce moment-là, il se trouvait dans une pièce avec treize autres personnes. Même qu'il a Matthew McConaughey comme témoin ! Et comme il nous avait certifié n'avoir jamais laissé personne lui emprunter son Glock...

Il se renversa en arrière et se gratta le menton comme s'il essayait toujours de comprendre comment le Glock avait fini par servir à tuer John Li.

- Putain, c'était pas simple, ce problème ! s'écria-t-il. Sauf que, bien sûr, on a eu un coup de pot. Les bons en ont souvent, de ces coups de pot. Et c'est vous qui nous l'avez offert, Eugene.

Il marqua encore un temps d'arrêt pour voir l'effet que ça lui faisait et lui assener le coup de grâce.

- Non parce que le type qui s'est servi du flingue de Henry pour tuer John Li a pris la précaution de le nettoyer après et de le recharger pour que Henry ne s'aperçoive pas qu'on le lui avait emprunté pour liquider quelqu'un. C'était un assez bon plan, sauf pour cette erreur.

Il se pencha au-dessus de la table et regarda Lam droit dans les yeux. Et tourna l'arme sur la table de façon à lui en pointer la gueule sur la poitrine.

- Et sur une des balles qui avaient été remplacées dans le chargeur il y avait une empreinte parfaitement lisible. La vôtre, Eugène. Nous l'avons donc comparée à celle que vous avez donnée pour faire transférer votre permis de conduire de l'État de New York à celui de Californie.

Lam détourna lentement les yeux et regarda la table.

- Tout ça, ça veut rien dire, marmonna-t-il sans grande conviction dans la voix.

- Tiens donc ! lui renvoya Bosch. Vous croyez ça ! Ben, moi, je ne sais pas. Je crois même plutôt que ça veut dire des tas de choses, Eugene. Et le procureur qui se trouve de l'autre côté de la caméra là-haut pense exactement comme moi. Pour lui, tout ça ressemble beaucoup au bruit d'une porte de prison qui se referme sur vous.

Il reprit le Glock et le sachet contenant la douille, les remit dans le carton, s'en empara et se leva.

- Bref, voilà où nous en sommes, Eugene. Réfléchissez-y bien en attendant votre avocat.

Il se dirigea lentement vers la porte. Il espérait que Lam lui dise de revenir parce qu'il acceptait le marché. Mais Lam garda le silence. Bosch glissa le carton sous son bras, ouvrit la porte et sortit.

Il rapporta son carton de pièces à conviction à son box et le fit tomber lourdement sur son bureau. Puis il jeta un coup d'œil au box de son collègue pour être sûr qu'il était encore vide. On avait laissé Ferras dans la Valley pour surveiller Robert Li. Celui-ci pouvait très bien essayer de filer si jamais il devinait que Lam était en garde à vue et s'était mis à table. Ferras n'avait pas trop apprécié qu'on lui fasse jouer les baby-sitters, mais Bosch s'en foutait un peu. Ferras s'était mis lui-même sur la touche et c'était là qu'il allait rester.

Chu et Gandle, qui avaient regardé Bosch tenter le coup avec Lam, ne mirent guère de temps à sortir de la salle de l'audiovisuel et le rejoignirent dans son box.

- Je vous l'avais dit que c'était faiblard ! lança Gandle. Il est futé et on le savait. Il a dû mettre des gants avant de recharger l'arme. Vous avez perdu la partie dès qu'il a compris que vous essayiez de le piéger.

- Oui, bon, lui renvoya Bosch, mais pour moi c'était ce qu'on avait de mieux.

- Pour moi aussi, dit Chu, montrant son soutien à Bosch.

- Peu importe, rétorqua Gandle, on va quand même devoir le libérer. On savait qu'il avait la possibilité de prendre le flingue, mais on n'a rien pour prouver qu'il l'a fait. Avoir la possibilité matérielle de faire ceci ou cela ne suffit pas. On ne pourra pas porter l'affaire devant un tribunal uniquement avec ça.

- C'est ce qu'a dit Cook ?

- C'est ce qu'il pensait.

Abner Cook était le procureur adjoint du bureau du district attorney qui était venu du tribunal regarder ce qui se passait dans la salle d'interrogatoire.

- À ce propos... où est-il ?

Comme s'il tenait à répondre à la question en personne, Cook appela Bosch à l'autre bout de la salle des inspecteurs.

- Venez par là ! cria-t-il.

Bosch se redressa et jeta un œil par-dessus la cloison de son box. Cook lui faisait de grands signes à l'entrée de la salle de l'audiovisuel.

- Il vous demande ! Revenez !

Bosch accéléra l'allure en regagnant la salle d'interrogatoire, puis il ralentit et se composa un visage avant d'ouvrir la porte et d'entrer calmement dans la pièce.

- Qu'y a-t-il ? lança-t-il. On a appelé votre avocat et il arrive.

- Le plaider coupable... c'est toujours possible ?

- Pour l'instant, oui. Mais le procureur est sur le point de partir.

- Dites-lui de rester. J'accepte le marché. Bosch s'avança et referma la porte derrière lui.

- Eugene, dit-il, qu'est-ce que vous voulez nous donner ? Si vous voulez vraiment plaider coupable, il faut que je sache ce que vous allez me donner. Je ferai venir le procureur quand je saurai ce que vous voulez mettre sur la table.

Lam acquiesça d'un signe de tête.

- Je vous donne Robert Li... et sa sœur. Ce sont eux qui ont tout concocté. Le vieux refusait obstinément de changer. Robert et Mia voulaient fermer sa boutique pour en ouvrir une autre dans la Valley. Une boutique qui rapporterait. Mais le vieux s'y opposait. Il n'arrêtait pas de dire non et un jour Rob n'a plus supporté.

Mia impliquée ? Bosch se glissa de nouveau sur sa chaise en essayant de cacher sa surprise.

- Et la sœur était complice ?

- Mieux que ça : c'est elle qui a monté le coup. Sauf que...

- Sauf que quoi ?

- Sauf qu'elle voulait les liquider tous les deux. Le père et la mère. Elle voulait que j'arrive tôt à la boutique et que je les flingue tous les deux. Mais Robert a dit non. Il ne voulait pas faire de mal à sa mère.

- Qui a eu l'idée de faire passer ça pour un assassinat des triades ?

- Elle, et c'est Robert qui l'a mise en forme. Ils savaient que les flics mordraient à l'hameçon.

Bosch hocha la tête. Il connaissait à peine Mia, mais en savait assez sur ce qu'elle avait vécu pour que tout cela l'attriste.

Il leva la tête et regarda la caméra en espérant que son coup d'œil suffise à faire comprendre à Gandle qu'il devait lancer quelqu'un à la recherche de Mia Li afin que les équipes d'arrestation puissent opérer ensemble. Puis il se concentra de nouveau sur Lam et vit qu'il contemplait la table d'un air abattu.

- Et vous, Eugene, reprit-il, pourquoi vous êtes-vous embringué dans cette histoire ?

Lam hocha la tête et Bosch lut du regret dans ses yeux.

- Je ne sais pas, dit-il. Robert menaçait de me virer parce que la boutique de son père perdait trop d'argent. Il m'a fait comprendre que je pourrais sauver mon emploi... et que lorsqu'ils ouvriraient le deuxième magasin dans la Valley, ce serait moi qui m'en occuperais.

La réponse n'était pas plus pitoyable que toutes celles qu'il avait déjà entendues au fil des ans. Découvrir le mobile d'un assassinat ne réserve guère de surprises.

Il réfléchit à ce qu'il fallait encore élucider avant qu'Abner ne vienne entériner le marché.

- Et Henry Lau là-dedans ? demanda-t-il. Il vous a donné le flingue ou bien c'est vous qui l'avez pris sans qu'il le sache ?

- On l'a pris tous les deux... Non, moi. C'est moi qui l'ai pris. Un soir on a joué au poker chez lui et j'ai dit que j'avais besoin d'aller aux toilettes. Je suis entré dans la chambre et je l'ai pris. Je savais où il rangeait la clé de l'étui. Je l'ai pris et je l'ai remis à sa place après... lorsque nous sommes revenus jouer au poker la fois suivante. Ça faisait partie du plan. On ne pensait pas qu'il s'en apercevrait.

Bosch trouvait tout cela complètement plausible. Mais il savait que dès que l'accord serait scellé par Cook, il pourrait questionner Lam plus en détail sur tout ce qui avait trait à l'affaire. Il ne lui restait qu'un dernier point à éclaircir avant d'aller chercher Cook.

- Et Hong Kong ? demanda-t-il. La question parut surprendre Lam.

- Hong Kong ? répéta-t-il. Quoi, Hong Kong ?

- Qui d'entre vous avait le lien avec Hong Kong ? Lam hocha la tête, l'air sincèrement dépassé.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez, dit-il. Ma famille est de New York, pas de Hong Kong. Je ne connais personne à Hong Kong, et pour autant que je sache, Robert et Mia non plus. Personne n'a jamais mentionné Hong Kong dans les discussions.

Bosch réfléchit. Et ce fut à son tour d'être un peu perdu. Quelque chose ne collait pas dans cette histoire.

- Vous me dites bien que pour autant que vous le sachiez, ni Robert ni Mia n'ont appelé quelqu'un à Hong Kong au sujet de cette affaire et des gens qui enquêtaient dessus ?

- Pas à ma connaissance, non. Je ne crois vraiment pas qu'ils connaissent quelqu'un à Hong Kong.

- Et Monterey Park ? La triade qui rançonnait M. Li ?

- On en avait entendu parler et Robert savait quel jour de la semaine Chang passait prendre l'argent. C'est même autour de ça qu'on a bâti le plan. Je l'ai attendu et je suis entré dans le magasin quand je l'ai vu partir. Robert m'a dit de sortir le DVD de la machine, mais de laisser les autres. Il savait qu'il y en avait un où on voyait Chang et que la police prendrait ça pour un indice.

Jolie petite manipulation de la part de Robert, pensa Bosch. Et dire qu'il avait marché, exactement comme Robert l'avait prévu !

- Qu'avez-vous raconté à Chang lorsqu'il est passé au magasin l'autre soir ?

- Ça aussi, ça faisait partie du plan. Robert savait qu'il viendrait le voir pour prendre le fric.

Il baissa la tête et détourna les yeux. Il avait l'air gêné.

- Bon, alors qu'est-ce que vous lui avez dit ?

- Robert lui a dit que la police nous avait montré sa photo et que pour elle c'était lui le coupable. Il lui a aussi dit que les flics le cherchaient et qu'ils voulaient l'arrêter. On pensait que ça l'obligerait à filer. Pour nous, il allait quitter la ville et ça donnerait l'impression que c'était bien lui qui avait tué M. Li.

Et si jamais il retournait en Chine et y disparaissait, ça serait encore mieux.

Bosch dévisagea longuement Liam tandis que les tenants et aboutissants de ce qu'il venait de lui révéler lui entraient lentement dans le crâne. Il s'était fait avoir de bout en bout.

- Qui m'a appelé ? demanda-t-il. Qui m'a téléphoné pour me dire de laisser tomber l'enquête ?

Lam hocha la tête.

- Moi, dit-il. Robert m'avait écrit ce qu'il fallait dire et je vous ai appelé d'une cabine du centre-ville. Je suis vraiment désolé, inspecteur Bosch. Je ne voulais pas vous effrayer, mais je devais faire ce que Robert me demandait.

Bosch hocha la tête à son tour. Lui aussi était désolé, mais pas pour les mêmes raisons.

 

 

 

 

 

Les neuf dragons
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